Ma vie en 5 dates...



Devoir de français... adolescence... (Re) Naissance... votre curiosité afin d'en voir le bout. Merci.

Ma vie en 5 Dates...

Introduction d’une demande très improbable. Introduction de quelque chose de difficile à faire. Difficulté d’écrire sur soi parce que cela touche l’intime, le profond, extorquant le plus infime particule sensible, violation... Toutes voiles dehors, aventure et allons-y gaiement, le seul risque étant...eh... moi. Lisez seulement…


PREMIERE DATE.

Impossible à éviter même si je ne m’en souviens pas. Ici commence mon histoire, ma vie. Je suis née. Précisément le 05 Janvier 1988. Je crois que ma venue fut assez désagréable, bien que par la suite j’ai su combler de bon(ne)heur(e). Premier cri, premiers pleurs, première joie : je débute ma vie. Une nouvelle pour mes parents, dont Papa qui a manqué s’évanouir alors que Maman optait pour la péridurale. Mansuétude, que çà commence mal. Mais pourtant, trois heures après, voilà,…euh…je ne sais pas encore…cette vieille dame qui me regarde avec des yeux ronds. Ah oui ! Mamie : « Mon Dieu, qu’elle est belle ! ». Maman : « Merde, elle ressemble à Papa ». Et oui, désolée je n’ai pas choisi des yeux et des oreilles de vietnamienne, des cheveux et le teint russe (sans oublier le nom) et enfin un caractère à la MâMâ... à l’italienne quoi. Un bordel ! Pas étonnant que j’y vois trouble en ces premières secondes sur terre, où j’ai déjà mal rien qu’en respirant.
Voilà ce qu’à peu près j’aurais dit si je me rappelais ne serait-ce qu’un dixième de seconde de ce moment. Malheureusement la mémoire est sélective et je ne fais que plagier ce que l’on m’a dit se souvenir de ma naissance. C’est un bon commencement, bien que par la suite je l’ai parfois regretté, et j’en ai voulu à mes concepteurs.


DEUXIEME DATE.

Après ma naissance, cinq années. Cinq années de printemps, de câlins et de baisers, d’éducation et de caprices interminables. Cinq années durant lesquelles deux déménagements se sont succédés pour enfin atterrir dans une vague mais belle maison au Pays Basque.
Cinq années durant lesquelles je fus le monopole de tous. Et voilà, le 11 octobre 1991, un petit être blond, un petit frère. Je me souviens bien de son évolution, ou plutôt de celle du ventre maternel. Lorsque j’ai su, je crois d’abord avoir été jalouse et en avoir voulu (comme tout aîné) à mes parents de penser à me remplacer. Puis petit à petit, je suis devenue plus allègre à l’idée de quelqu’un avec qui jouer, avec qui parler, et bien sûr, avec qui me disputer.
La semaine de sa supposée (et confirmée ensuite) venue, j’ai sacrifié un camp de ski organisé avec ma classe et pour lequel j’avais tout donné, pour voir et entendre ce petit bout d’homme bouger dans la maison. Je voulais m’en occuper, comme de mes poupons. Le bercer, lui donner le biberon. Je me suis promis de toujours être là. Je crois avoir continué à le faire par la suite, plus que je ne l’aurai pensé.
La veille de son arrivée, j’ai écouté attentivement le bébé taper Maman avant d’aller me coucher. Et je crois avoir dit : « Maman, demain il viendra ».
PAF : le lendemain, voici.
Et donc, comment mon petit frère est venu éclairer, égayer et surtout consoler ma vie. Je peux dire seulement que de tous les êtres sur terre, il est le seul que je sache aimer simplement et qui, inconsciemment, me le rend bien. Oui, bien… Bienheureuse que je suis d’avoir quelqu’un de tel à mes côtés. On a travers-é ensemble. Seul présent que mes parents ont su me préserver pour que je continue à vivre, vivre pour lui. Lui pour moi. C’est un cercle : j’ai besoin de lui, il a besoin de moi. Tout est réciproque entre nous. Maintenant et toujours, les doigts de la main, Romulus et Remus, frère et sœur ennemis, amis de la vie, vivants sur cette terre insaisissable mais belle…belle à en mourir. Mourir…oui, c’est un mot écourté de notre vocabulaire voir totalement omit.
Voilà un petit mot tendre pour un petit être aimé. Je suis folle, folle de lui.


TROISIEME DATE.

A peine fait ses 1 ans, nous voici partis pour Madagascar. Où je passerai sept merveilleuses années. Sept merveilleuses années dont les trois premières furent les plus belles.
Difficulté de dire, plein de choses à dire. Ce fut un moment des plus irréels, des plus durs, des plus inoubliables malheureusement. Un événement tellement intime qu’il en devient indicible.. Il est indicible.
C’est un sentiment vide, froid qui lui est tenu tout soudain, comme si une partie d’elle s’était éteinte. Comme si elle avait perdu un morceau de sa vie, de sa future vie. Un père. Un père beau, passionné, maladroit. Un homme qui ne lui avait pas tout donné. Quelqu’un de bien, de bon, qui méritait de vivre jusqu’à la nuit des temps. Le bel qui n’a pu que subir la fatalité d’une impardonnable erreur. Mon père, son père, le père de cette gamine et de son frère de quatre années. Quatre ans, quel âge est-ce pour réaliser ? Quel âge était-ce pour se souvenir ? Elle-même du double, elle oublie déjà… Comment est sa voix ? Comment riait-il ? A-t-il pleuré une fois ? Sentiment indescriptible, affectation trop profonde, trop gravée pour s’en absoudre. Peu passée trop présente. Malgré tous les efforts mondiaux, je dissous les moindres détails : c’est mortel. Que vais-je devenir sans ne serait-ce qu’un épars de sa vie ? La mémoire est traîtresse, et bon gré, mal gré, j’ai peur de l’oubli. Mais l’essentiel est là… Elle croit.


QUATRIEME DATE.

Départ. Départ du bonheur, départ du commencement de la fin.

Une histoire pas comme les autres,
Puisqu’il s’agit de la mienne.
Des souvenirs indélébiles
Parce que trop imprimés.

L’histoire d’un beau pays
Abandonné par la raison.
C’est une partie de ma vie
Dont j’ai perdu le nom.

Traces de pas sur une plage.
Animaux émoustillés par cette empreinte
Qui, inhabituelle à l’écume des vagues,
Fait un clin d’œil au vent du soir.

Chant des sirènes de l’île.
Bosses flottantes sur une mer déchirée.
Poursuite allègre du bateau de mon père.
Cheveux au vent et tête droite.

Mosquée hurlant à l’Aurore :
Cru réveil pour un matin.
Gâteries au bas du port :
Ma récompense est bien choisie.

De simples détails
Mais qui forgent mes souvenirs.
Des douleurs éventails,
Et des amis en papiers.

Sitôt les paupières closes,
Mes pensées s’envolent,
Je retombe en enfance
Et me voici atterrie.

Les bras nonchalants sur un cocotier.
Avec mon frère riant aux éclats
Et une mère affairée à brunir,
Le tout sous un soleil de plombs.

Partage de notre arbre avec les indigènes
Couinant un grognement inaudible.
Le cadet me pousse dans l’eau :
Mais… draps souillés !

Flash back. Retour en arrière, retour vers l’arrière. Jour orange et rouge, ce jour où j’ai perdu mon pays. Je ne cesse de penser.
Je n’ai pas l’âge alors, d’avoir de profondes attaches affectives, mais je sens mes racines s’ôter d’où j’étais si bien posée. J’y puise inspiration, douleur et mauvaise humeur, sourires et…et quoi donc? En cet instant je ne veux pas être optimiste, ne peux pas être réaliste. NON ! Je le suis trop habituellement, mais les habitus se perdent et les réactions ponctuelles sont quelque fois les plus impromptues chez une femme que l’on croit connaître.
A tout compte, que sommes-nous ? Nos discussions sont superficielles, nos actions irréfléchies et l’on aime parader. Mais je suis consciente de mon impétuosité, et parfaitement de ma contribution à cette ronde.
Pourtant, je me disais que tout était mieux là-bas. Que personne ne se souciait que de boire et manger, et que tous étaient juste heureux d’être là : VIVRE ! Vivre à n’en plus pouvoir, vivre à en étouffer, vivre pour soi !
Je sais être complexe à cheminer clairement, mais l’implicite me fascine, c’est drôle de se jouer des gens. Je suis presque certaine que vous n’avez pas tout à fait saisit de quoi parle la quatrième ?
Après quatre.. ?


CINQUIEME DATE.

Tant qu’à donner mon avis, je préfère trouver cela ridicule puisque je n’ai que 17 ans. Qu’ai-je fais en 17 ans ? Bonne…question.
Les blessures presque pansées s’ouvrent de nouveau à vif. Comment surmonter de nouveau une perte aussi catastrophique... Nébuleuse... Pourquoi devoir la surmonter ? Elle se pose davantage de questions qu’avant, voit et entend souffrir son frère qui est dorénavant tout pour elle. Elle voudrait l’entendre rire : il pleure. « C’ pas ta faute ».
Elle ne sait pas où elle est allée, mais sûrement pas aux côtés d’un pseudo Créateur. Elle et Lui, obligatoirement. Elle a enfin retrouvé le morceau de bonheur qui lui manquait ici, même au prix de leur abandon, ils ne lui en veulent pas. Au moins, à défaut d’eux, elle ne souffre plus. Elle rie, elle les observe d’on-ne-sait-où et sait qu’ils grandissent, qu’ils s’épanouissent. Elle à retrouvé un teint franc et fort. Le jaune et les odeurs anesthésiantes dégagés. Elle s’inquiète pour eux et c’est normal, mais elle les retrouvera un jour de toute façon.
Oui, mais… Pourquoi cela crée une incurable absence ? Pourquoi, enfin, pourquoi je me sens de nouveau nue, froide, triste ? Vulnérable. Les protections sont effondrées et où, comment forger une nouvelle base ? Comment redémarrer une autre vie ? En espérant peut-être, en optimisant les chances. En aimant. En rêvant. Vivre, après tout, ce n’est qu’un(e) (t)rêve malléable, parfois un cauchemar immatériel mais un rêve, une illusion trop souvent. On se réveille toujours un jour…


BOITCHENKOFF Céline, le 04/01/05.

Commentaires

Anonyme a dit…
je t'avais laissé un commentaire mais apparement ça n'a pas marché...qui m'écris dois tu te dire ? C'est avec surprise que je suis tombée sur ton blog, un magnifique blog, remplis de choses si vraies...Et bien c'est Charlotte, la petite Belge de Tamatave, tu te souviens ?j'ai perdu mon père il y a deux ans et crois moi sans toi, je n'aurais pas su relever la tête...dans les moments durs, j'essayais de me mettre à ta place et je me disais qu'au fond, malgré les choses les plus horribles et les plus injustes qu'il puisse arriver, il y a toujours pire !je suis heureuse d'avoir retrouvé ta trace, apparemment ton fréro est un vrai champion...je me souviens encore de lui, t'étais toujours là pour t'en occuper, c'était déjà l'amour de ta vie !!à tout bientôt j'espère..
Tchenk Off a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…
Je n'ai connu que ton papa...c'est en tapant Boïtch...que je suis tombée sur ton blog! j'ai découvert ton visage et celui de ton petit frère... Incroyable de retrouver un peu de lui dans vos visages..
je suis née à Tanarive en 1962 et j'ai rencontré votre Père à San-Pédro quand il avait 19 ans...je l'ai perdu de vue de longues années puis (par l'intermédiaire d'une de mes soeurs qui vivais à l'époque à La Réunion et ton père a revu il y a environ 13 ans)j'ai appris le départ de vos parents pour MADA. ...vos naissances... Céline je me suis glissée sur la pointe des pieds pour t'écrire ces quelques mots et je comprendrais très bien que tu n'ai pas envie de répondre à ce message. J'ai maintenant 46 ans, des enfants de 21, 19, et 12 ans et nous vivons dans le lot et garonne entre Toulouse et Bordeaux... Tous mes voeux de bonheur et de réussite à partager avec ton jeune frère...

Françoise VIENNE fr.vienne@hotmail.fr
Anonyme a dit…
cc, c'est maylis
En lisant ce si beau txt, je ne peux m'empécher de me rappeler notre année de 5ème!!!
l'insousciance de l'époque me fait regretter de ne pas avoir eu de discutions rassurantes comme on peux les avoir ac la maturité!!
Je regrette aussi de ne pas avoir été des épaules si solides sur lesquelles tu aurais pu te poser.
Certes je savais tn histoire, ms le mininum possible de peur de te rendre plus triste encore!!
On s'était perdu de vue petit à petit après tn départ de St Jean de Luz, alors qu'on s'était promis le contraire...
En tt cas, seul le meilleur peut arriver ds ta vie mtn!!
J'espère te revoir vraiment!! Au moins cet été qd on sera un peu plus libre
PS:un souvenir me reviens a nouveau : Mi ema ou! (je crois pas que ça s'écrit comme ça ms qu'importe)
bizoo
Unknown a dit…
Merveilleux de te lire..comme toujours....cela fait remonter tellement de souvenirs...Cyn..

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