Pastiche




René Pons, Autobiographie d’un autre.

« Regardez cet homme. C’est un citoyen ordinaire. Semblable à des millions d’autres citoyens. Il a des enfants, une femme, il paie ses impôts et son casier judiciaire est vierge. Peut-être même est-il propriétaire de sa maison. N’est-ce pas l’image du bonheur ? Et pourtant ! Si vous grattiez le masque aimable collé sur le visage qui vous paraît le réel visage de celui qui le porte, quelle grimace trouveriez-vous ?
Mettons que ce livre soit cette grimace. »



Regardez cette fille. C’est une jeune fille ordinaire. Semblable à des millions d’autres adolescents. Elle a une famille, des amis, elle rie, elle pleure et jusqu’à son casier judiciaire est vierge. Peut-être est-elle même en pleine histoire d’amour. N’est-ce pas l’image du bonheur ? Et pourtant ! Si vous grattiez le masque aimable collé sur le visage qui vous paraît le réel visage de celle qui le porte, quelle grimace trouveriez-vous ?
Mettons que ceci soit cette grimace.

« Que dit la reine du silence ? C’est une question impossible… ». Que dit ma passion sereine ? Règne reine des verbes tors ! Postiche d’un proverbe épongé jusqu’au sang… Culture fébrile et fébrilité culturelle.

Comment se défier de l’ordinaire quand on est quelqu’un de banal ? Moi je n’aspire pas à cette banalité car « personne n’est tout le monde, ni banal, donc il faut être quelqu’un » par quelques moyens que ce soit. Vivre et faire cette vie puisque l’on est seul maître. Je ne crois pas au Destin, rien n’est écrit, tout se dit et le futur est incurablement modelable, irrémédiablement apprenti. Si l’on énumérait cet Unique Futur, mais quelle tristesse ! Préférant penser à une multitude d’Avenirs, aussi noirs que battants, mon avidité de vie s’en retrouve ravivée, si toutefois l’on reste total médium des choix à faire.
Le changement est volatile, moi qui serais plutôt terre à terre, je me surprends à rêver d’indépendance et même de virilité ! Être un homme pour mieux accepter ? Non, mais tout simplement avoir ce caractère sauvage qui fait bond chez les mâles. Ne pas se laisser piétiner mais plus que tout marcher droit, droit devant vers une fin mais la plus belle. Être imprégner de la vie, du désir insatiable de respirer… être imbibée de partage et d’amour, le reflet et miroir du bonheur.
Mais gare au narcissisme, plonger trop régulièrement dans son existence consiste à retourner le Passé et par ce fait, refouler des regrets. Non ! Pour moi la définition d’une vie réussie, c’est évidemment ne pas avoir de regrets ! Tout le monde a ses tortures et ses mauvaises heures, j’en pâtie chaque jour mais je teste aussi. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », c’est une phrase juste, très juste. De mes douleurs, de mes plus laides grimaces j’ai su tirer du bon, car dans les situation même les plus désespérées l’on déniche toujours quelque chose d’infiniment positif. Donc pas de regrets parce que ce que l’on a fait ou non un jour, c’est ce qu'on l'avait décidé, c'est tout. Les regrets ne sont qu’un sentiment superficiel, bien qu’humain, mais ils n’ont pas leur place chez moi, ou alors très ponctuellement.

Voilà à peu près la leçon de vie par laquelle j’avais envie d’entrer en matière. Connaître l’état d’esprit de celle qui écrit, c’est un commencement juste pour un lecteur, bien que je me considère tout aussi futile qu’un(e) autre. Simplement savoir ce « je » que je suis et tout à la fois, que je ne suis pas…
« JE est un autre ». Bien que très personnelle, cette « nouvelle » sera parsemée d’influences, bonnes ou mauvaises, qui sont toujours mes précurseurs lorsque j’écris, surtout une grimace d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Evidemment je suis comme tout le monde, je semble être une image banale du bonheur évoluant dans un environnement sein et aimant. Mais comme je le disais plus haut, tout le monde a ses blessures, et bien que les miennes ne regardent que moi, je puis en parler si cela reste entier mais soulageant.
J’aime le Monde hurlant, ma famille est mon reste de sang, mes amis sont ma joie et la Vie est ma plus grande force. Pourquoi ? Parce que j’ai perdu tant de gens que j’aimais que je veux vivre à n’en plus pouvoir, je veux étouffer de vie, elle est trop belle pour qu’à mon tour je la trahisse ! Mes parents m’ont, nous ont quitté. Et oui, nous sommes deux, j’ai un frère que j’aime à la folie et je ne suis ici que pour lui. Ils nous ont donc laissé, mais comment leurs en vouloir ? Je peux aisément comprendre qu’une existence plus belle est ailleurs, mais mon frère, lui, ne peut pas. Il était fou de ma mère (il a à peine connu papa). Moi des images restent, et je pensais pour jamais, mais je me rends compte que j’oublie. Je hais la Mémoire ! Elle m’abandonne quand j’en ai le plus besoin. Rien que leurs voix que je n’entends plus me semblent alors n’avoir jamais existées. Pourquoi ? Je dépeints d’une manière différente de celle dans « Ma vie en cinq dates », mais tout aussi douloureuse, ma vive blessure, la plus laide et la plus récente de mon cœur.

Bien entendu cette perte n’a fait qu’engendrer un processus inachevé de questions sans réponses (il faut savoir que toutes les questions que je me pose sont toujours sans réponses). De toute façon, au premier sentiment d’abandon ressentit par la disparition de mes géniteurs à succédée une haine intarissable. Cette haine, je l’ai irrévocablement en moi, mais je la confine, il ne faut pas qu’elle explose, ce serait trop dur pour mon entourage et sûrement suicidaire pour moi. On se demande beaucoup pourquoi cela NOUS est arrivé : le sort est un hasard ; mais comme je ne crois pas au hasard, je ne comprends pas… Je veux m’obstiner à ne pas comprendre lorsque je n’en n’ai pas envie ! Mais bon, tous les malheurs du monde peuvent m’atteindre, je n’aime pas que l’on me console. J’ai trop appris à être dure et à cacher mes faiblesses, mais non, je ne suis pas forte, ne me dites pas cela…

Tout le monde à sa force, l’énergie qui permet d’avancer, sinon pourquoi vit-on ? Ceux qui partent sont d’ailleurs les plus courageux car je crois que rien n’ai plus angoissant que d’affronter l’inconnu. Mais que ce doit être délicieux de raconter sa propre mort, et enfin dire au monde que l’on est mieux partout ailleurs qu’ici. Terre que j’adore quand on trouve dans la plus petite joie le bonheur le plus intense, ne dit-on pas que les grands bonheurs sont fait de petits bonheurs ?

J’ai donc, oui, une tâche indélébile en moi, une douleur éventail et des souvenirs en sursis, mais je rêve…je rêve et espère... Tâche à nous tous commune et distincte... « A la fin de l’envoi, je touche… ».



BOITCHENKOFF. C, janvier 2006.

Commentaires

Anonyme a dit…
love it.

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