Hic et Nunc

Ce que j'ai à te dire.
Ou au mouillé dans tes yeux. C'est trop las. Trop loin. Cette tristesse chronique. Ton aura en berne de n'avoir jamais été allumée.

Je refuse ce bagage là.
Tu n'as pas le droit.

Tu me terrifies de ne pas vouloir.
De ne pas pouvoir.
Que tes veines ne brûlent pas.
Que tu ne te dandines pas.
Sans chamade.
Que ton estomac reste intact, sans faim, sans tors, sans nœuds, sans accueil, juste béant, là, fonctionnel, hermétique, sans chatouilles intérieures, sans dégoût ni amertume, refusant d'en accorder au cœur.

Tu n'as pas le droit.
De ne même pas commencer.
Elle est unique et une.
Est-ce la certitude de la mort ? C'est ce qui te freine ?
Mais de toute façon tu vas crever.
Alors autant l'user à t'en faire cramer les joues.
Tu n'es pas parfait(e).
Et d'ailleurs qu'est ce qu'on s'en fout.

Ouvre la bouche, c'est Tout.
Tire la langue, griffe les environs, les troncs, la terre sous tes pieds, comme un voile de soie sur ta peau, qui glisse, qui réchauffe et qui croustille.
Faut Tout éventrer, à pas de géant ou de fourmis, puis d'ailleurs c'est pareil. Foutre les balises à plat, et libérer la vapeur, l'alimenter, la gonfler puis la pomper.
La regonfler encore.
Devenir poreux.

On n'a pas le droit de zapper ça.
Faut qu'elles débordent tes tripes.
Te foutre à poil, rompre le silence, et crier, oui, crier surtout.
Puis respirer. Un grand coup, un grand bol.
Et rendre tes alvéoles disponibles, elles sont si singulières.
Et accrocher un souvenir à chaque inspiration. Comme autant de petites bulles frémissantes, en dedans.
Qui palpitent.

C'est ça l'important.
Alimenter les bouchées.
Les baver, les croquer, les rogner même.
Jusqu'à l'évaporation de chacune de ces petites saveurs pétillantes.
Laper la table.
N'en concéder aucunes miettes.




 














Tchenk, le 11/05/16



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