Pétales et ciel bleu


On ne tire pas sur les fleurs pour qu'elles poussent.

D'abord, j'ai sorti le nez. 
Et puis j'ai ri.
Puis pleuré.
Et ri encore. 

Ensuite, j'ai appris à me taire.
D'un silence salutaire. 
Un peu plombé. 
Et très lourd.

Non, on ne tire pas sur le fleurs pour qu'elles poussent.

On les dorlote.
On leur parle.
On les chante.

Alors, j'ai mis le silence en pause.
J'ai rouvert les yeux. 
Les oreilles.
La peau. 
J'ai goûté les vents.
Et les odeurs. 

J'ai encore pleuré.
Des hurlements de larmes. 
Reconsistance joyeuse.
Oiseau enfin hors cage. 

J'ai replanté mes racines.
Et déployé les bras. 
Jusqu'au ciel infini.
Pour reprendre ma croissance. 
A mon rythme.
Chauffée par le soleil. 

J'ai susurré aux autres fleurs de ne pas trop se presser.
D'attendre la rencontre. 
En semant des graines.
Par millions. 
Des graines d'amour.

On ne coupe pas les fleurs pour qu'elles restent. 

Je me suis laissée séduire parfois.
Ça sentait bon.
Et ce fut beau. 
Puis vint l'eau à changer.
Pour préserver les parfums. 
Ne pas trop abîmer.

On n'assèche pas les fleurs pour qu'elles ne bougent.
On leur laisse leurs saisons.

Et puis , parmi les roseaux.
Il y en eût un. 
Magnifique.
Patient. 
Le plus beau, le plus digne de tous.
Lui aussi, s'entraînait à voler. 

Quand il fût prêt, il chanta.
Sûr et évident.
D'une voix sans doutes. 
Et, parmi toutes les fleurs,
Guettées pour sa vie,
C'est ma fleur qu'il choisit.


Tchenk Off, le 03/05/2021.


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