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Il y a deux sortes d'hommes : mon grand-père et tous les autres. Eux, ce sont ceux qui existent par hasard, qui respire sans savoir... Comme vous et moi, ce sont des Monsieur-tout-le-monde. Ils n'imposent pas le respect. Ils ont des goûts simples, ne sont pas forcément curieux, et donc, pas forcément heureux. Ils ont la science infuse.

Lui, ce n'est pas Monsieur Banal, Monsieur Commun. Il n'a pas tout vu encore, mais il a tout fait déjà. C'est un sage, un socle, une base. En fait, il se laisse rarement attaquer. C'est une forteresse. Insaisissable ! Vous savez ce genre de bâtiment en marbre ? Non pas en glaise ou en granit qui s'effrite si vite, mais en marbre. Lisse et incassable. Pas une seule égratignure apparente. Tout se porte au coeur. Si l'on y touche, tout s'écroule, mais pas avant. Lui, c'est un monument. Maladroit en tendresse mais si doux... Volontaire.

Parfois il laisse entrevoir tout. Il me cultive à petit feu. La pudeur, c'est sa vie. Mais avec parcimonie. Une douleur plus nostalgique que cuisante.
Lui, il est fort, et il pleure seul : c'est peut-être un grand solitaire ?
Lui, tout le monde le connaît ! Vous savez lorsque l'on évoque son nom, vous ne restez pas indifférent. Le patriarche des communes alentours. C'est celui à qui l'on doit tout mais que l'on oublie trop vite et injustement.
Lui, c'est un atypique. Il a toujours grandit, et grandit encore. Lui il est beau ! Constamment...
Lui c'est celui qui ne sourit pas toujours au bon moment parce qu'il est en retard d'un mot. Lui il rougit, jamais de honte, mais de fierté.
Il donne volontiers, sans pareil.

Mon grand-père est parfois en apnée sentimentale. Depuis 5 ans peut-être. Je comprends pourquoi : parce que Lui c'est Moi !
J'aimerais être et non paraître. Mais je vie grâce à lui. Je suis la petite gêne nécessaire. La bulle d'oxygène indispensable mais irrégulière. En cas extrêmes... Je suis la volonté de fer, sa bouteille à la mer, son drapeau blanc... La petite éphémère à grandit, et pousse encore. Limites acceptées, boudeuse volupté. Je construis mon empire à l'orchestre de ses bras...
Sa musique va et vient, fait un ramdam auditif. Une mielleuse interprétation et me voici projetée au coeur de l'indicible ! Quelle beauté profane, j'arbore mon peu de tact pour parer au mérite..!
Les douleurs du passé montrent la direction, l'inspiration se puise dans la force et non dans l'abandon. Je le comprends et le conçois chaque jour un peu plus. L'abnégation devient un don quand on sait l'utiliser courageusement, et non avec orgueil.

A mon tour j'escarcelle, je scelle mon orme de toujours. Les mots, les mots, toujours des mots... C'est de Toi qu'ils viennent, c'est mon plus beau cadeau !
La Passion est un don, c'est le tien.
Dorénavant c'est Amen... Je t'aime.


BOITCHENKOFF Céline, le 02/09/2006.

Commentaires

Anonyme a dit…
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