Matous !
En fait, j'aime pas les gens. Je veux
dire, j'aime pas les gens « normaux ». Parce qu'être au
milieu, c'est chiant.
L'intensité m'oblige, je ne veux pas de nuance émotionnelle. Je veux de l'entier, du brut(e)... glacial, brûlant.
Parce tiède c'est pas vivant !
Un peu comme les vieux briscards. Je me
les appelle ainsi. Tu sais, ces petits garçons restés coincés
quelque part à ruminer une dernière chique... enfin la dernière du jour.
Cachés sous des remparts de peau, de
gras...de nostalgie et de souvenirs... Ces barons de la pétanque que
je croise au rade du bas de chez moi.
J'ai de la tendresse pour ces gaillards
là. Oui, même quand ils lorgnent mes miches qui passent...
parce qu'ils savent encore dire « Bonjour » avec... eux.
Et honnêtement, qu'à cela ne tienne, je ferai probablement la même
quand j'en aurai le temps ou l'âge... ou les deux. La fraîcheur
d'un cul qui passe, ça fait encore se (res)sentir vivant. Ca remue
les tripes pour la journée. Enfin, au moins un peu. Pis ça fait
l'débat de l'après-midi... Ca fait sourire aussi... un spleen
sympa.
Bougres aux nez rouges. Risettes fatiguées et plaisanteries faciles. Des papas qui se cherchent marmots, parce
qu'ils se sont peut-être chier à un moment... oh gamine tu sais,
c'était avant ! Ou en tout cas pas fait comme prévu !
Pupilles mouillantes, ils ont ce regard
perçant et récurrent qui me fait imaginer qu'on la leur conte pas.
Ils s'en chargent tous seuls.
Ils ont abandonné depuis... oh ça
fait déjà suffisemment longtemps pour qu'on arrête de se
rappeler... qu'on arrête d'en parler. Pitié.
Mon vieux briscard à moi, il est un
peu pourri dehors. Je crois bien qu'il est encore en guerre. Il joue
de la dérision pour détourner. Il tète du biberon aussi. Mais, ah,
c'est mon vieux chien à moi. Puis dedans, c'est tout chaud, c'est
brûlant, ça bouge !
C'est que c'est enfouit depuis
longtemps. Les remparts qu'on se dresse soit-même... robustes,
intangibles. Parce que sinon, ça voudrait dire se résigner. Parce
que sinon ça voudrait dire accepter et mutuellement se le dire :
attention, fragile(s)...
BOITCHENKOFF.C, 17/10/14.
Commentaires